Pascal les pensées
I. Une justice miroir de la vanité des hommes.
1) Justice ridiculisée, soumise à l’apparence et à l’imagination.
Pascal expose, dans ses Pensées, des images saisissantes du monde judiciaire qui servent sa critique de la justice. Il dénonce le manque de sérieux et l’incompétence de ceux qui incarnent et exercent la justice, les peignant de manière caricaturale (en particulier dans la liasse « Vanité », très ironique).
- Leur compétence et, donc, leur autorité, reposent en réalité sur les apparences qui agissent sur l’imagination : « leurs robes rouges, leurs hermines dont ils s’emmaillotent en chats-fourrés, les palais où ils jugent, les fleurs de lys, tout cet appareil auguste était fort nécessaire […] S’ils avaient la véritable justice […] mais n’ayant que des sciences imaginaires, il faut qu’ils prennent ces vains instruments qui frappent l’imagination à laquelle ils ont à faire et par là en effet ils s’attirent le respect ». « Nous ne pouvons pas seulement voir un avocat en soutane et le bonnet en tête sans une opinion avantageuse de sa suffisance. »
- S’ils usent des puissances trompeuses pour asseoir leur autorité, ils y sont également soumis : dans le fragment 41, l’auteur met en scène un « magistrat dont la vieillesse vénérable impose le respect à tout un peuple [et qui] se gouverne par une raison pure et sublime. » mais qui perd son sérieux au sermon si le prédicateur est enroué, s’il a un « tour de visage bizarre » et « que son barbier l’ait mal rasé ». « L’affection ou la haine changent la justice de face et combien un avocat bien payé par avance trouve-t-il plus juste la cause qu’il plaide ! Combien son geste hardi la fait-il paraître meilleure aux juges dupés par cette apparence ! » « Notre propre intérêt est encore un merveilleux instrument pour nous crever les yeux agréablement. Il n’est pas permis au plus équitable homme du monde d’être juge en sa