Pascal les pensées
Le titre « Pensées de Monsieur Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets » a été donné aux notes laissées par Pascal qui projetait d’écrire une « Apologie de la religion chrétienne ». Pascal hésitait lui-même sur la forme à donner à son ouvrage, comme le prouvent les pensées de la liasse «Ordre ». Telle qu’elle nous est parvenue dans son inachèvement l’œuvre relève de plusieurs genres littéraires en vogue au XVIIe siècle, le fragment moraliste, le dialogue, et bien sûr, l’apologie.
I le fragment moraliste Le XVIIe siècle a été marqué par les moralistes, La Bruyère, auteur des Caractères et La Rochefoucauld auteur des Maximes, pour ne citer que les plus célèbres, dont les œuvres présentent un aspect discontinu. C’est aussi un trait de l’œuvre de Pascal. Dans la partie de l’ouvrage qui est au programme, ses « pensées » regroupées par liasses se rattachent à un titre indiqué au début de la liasse, qui concerne le comportement moral de l’homme : « Vanité », « misère », ennui » « contrariétés », divertissement ». Mais à l’intérieur des liasses, elles se succèdent parfois sans aucun lien, comme en témoigne cet extrait de « Vanité » : « 17 Il a quatre laquais. 18 Il demeure au delà de l'eau. 19 Si on est trop jeune on ne juge pas bien, trop vieil de même. » Aucun thème commun entre ces trois pensées, dont seule la dernière est développée sur plusieurs phrases. C’est pourquoi l’on parle de « fragments ». Parmi les pensées les plus lapidaires, certaines se rattachent au genre de la maxime (sentence brève d’ordre moral). Ainsi ce fragment 124 de la liasse « Divertissement » : « Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. » caractérisé par le présent de vérité général et l’universalité explique l’origine du divertissement. D’autres fragments apparaissent comme des aphorismes (du grec aphorismos : définition =