Pascal liasse 2
Le point de départ: description de l'homme
La première partie des liasses classées présente un ensemble de réflexions sur la condition de l'homme. L'attitude qu'y prend Pascal est originale en ce qu'il ne traite pas de ce sujet en prenant les perspectives habituelles de la littérature religieuse. Jean-François Senault avait consacré tout un volume à la description de l'Homme criminel. On y a vu parfois une des sources de Pascal, mais il faut bien reconnaître que l'orientation prise par Senault est tout à fait différente. Son étude de l'homme part d'un fondement théologique puisqu'il commence par établir que notre condition s'explique par le péché originel. Si la notion de péché originel apparaît chez Pascal, elle ne constitue pas le point de départ. En effet, le souci qu'a Pascal de choisir une démarche conforme au souci d'efficacité, pour la persuasion du libertin qu'il veut conduire à la religion chrétienne, l'empêche de fonder sa démonstration sur le recours préalable à l'exposé d'un dogme. La seule justification du dogme serait l'autorité et le libertin refuse l'autorité, Pascal se garde donc bien d'adopter une attitude théologique, son étude de l'homme est conçue comme une véritable anthropologie fondée sur l'expérience et le raisonnement.
Si la démarche intellectuelle, les arguments et la présentation n'ont rien de théologique, il faut reconnaître cependant que Pascal a sa « pensée de derrière la tête » (fr. 659). Sa propre conception de l'homme lui vient de la tradition augustinienne qui souligne constamment l'opposition entre la nature de l'homme telle que Dieu l'a créée et l'état de déchéance qui est la conséquence du péché originel. Ainsi s'explique le parti de présenter la condition humaine sous forme d'un diptyque : d'un côté la bassesse de l'homme, de l'autre côté sa grandeur.
La description de la bassesse de l'homme est fortement marquée par les emprunts à Montaigne et par l'influence de la Sagesse de Charron. La