Pascal Pens Es
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Pascal, Pensées, i670
« Divertissementl »», fragment i69
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La dignité royale n'est-elle pas assez grande d'elle-même, pour celui qui la possède, pour le rendre heureux par la r"ri" vue de qu'il ce est ? Faudra-t-il le divertir de cette pensée comme les gens du commun ? Je rois bien que c,est rendre un homme heureux de le divertir de-ia vue de ses misères pour r"À!ti, ï Lo'.t" sa pensée du soin de bien danser, mais en sera-t-il dedomestiqües même d,un roi, et sera-til plus heureux en s'attachant à ses vains amusements qu'à la quel objet plus satisfaisant pourrait-on donner à son esprit vue de sa grandeur, et i tt" ."rrit-ce donc faire tort à sa joie d'occuper son âme à penser à ajuster ses pas à la cadence d,un air ou à placer adroitement une barre, au lieu te le taisser louir en repos de ta
-4 ^. contemplation
'- {a de la gloire majestueuse qui l'environne ? eu;on en fasse l,épreuve.
-sans
Qu'on laisse un roi tout seul satisfaction des sens, sans aucun soin dans l'esprit, sans compagnie, penser
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à lui tout à loisir, et l'on verra qu,un roi sans divertissernent est un homme plein de misères. Aussi on évite cela soigneusement jamais d'v avgT auprès oàr pàironnes des rois un grand nombre de
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! gens qui veillent à faire succéder le divertissement à leurs affaires, et qui observent tout le temps de leur loisir pour leur fournir des plaisirs..t d;Ë;x, ait point de vide. C'est-à-dire qu'ils sont environnés de personnesen sorte qu,il n,y qui ont un soin merveilleux de prendre garde que le roi ne soit seul état de penser à soi, sachant bien qu'ir sera misérabre, tout roi qu'ir est, s'it y pense.
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Je ne parle point seulement comme rois.
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divertissement
en tout cela des
rors chrétiens comme chrétiens, mais
: lat' divertere« se détourner, se séparer de ». D'où le sens propre « action de détourner », puis
« action de se distraire, de s'amuser » et, par métonymie, « moyen de se distraire ,.