Pascal
Le fragment S. 78 constitue l’essentiel du chapitre XXV, « Faiblesse de l’homme ». Il est morcelé et réorganisé, et donne une bonne idée du crédit qu’il faut accorder à Etienne Périer lorsqu’il affirme que les grandes pensées ont été reproduites sans aucune modification (« on les donne telles qu’on les a trouvées, sans y rien ajouter ni changer »).
Les membres du comité traitent avant tout Sel. 78 comme une mine d’exemples de la « faiblesse », qui désigne l’incapacité de l’homme à fonder son jugement sur les critères de la raison, et sa propension à le fonder sans l’admettre sur diverses « puissances trompeuses » (définition de la « faiblesse » telle qu’elle se dégage de l’édition de 1670).
Le chapitre commence par établir une définition implicite de la notion de « faiblesse » avec Sel. 67 et Sel. 68, dont on a dit, lors d’une séance précédente, que toute référence au pyrrhonisme disparaît. Reste le tableau de l’humanité, qui croit agir par raison sans vouloir admettre qu’elle en est incapable. Il faut constater que le fragment 68 réduit l’extension sémantique de « faiblesse » : la « faiblesse » de l’homme » devient « la faiblesse de la raison de l’homme » : elle caractérise strictement l’activité de jugement. Et elle est illustrée par le fragment 55 qui suit, sur le thème de la difficulté d’assigner le point d’où l’on juge avec justesse.
Désormais, l’objet du chapitre est bien établi. Il devient possible de l’illustrer par un catalogue d’exemples significatifs et accablants de la faiblesse humaine. C’est à cet effet qu’est utilisé le fragment 78 : comme il propose une liste des puissances qui motivent les actions des hommes quand ceux-ci se croient mûs par la raison, le comité se sert dans cette liste pour établir son propre catalogue de « principes d’erreur ». Il faut insister sur le terme « principes d’erreur », parce que