Paul Cézanne
(1839-1906)
Je dois dire que j’ai beaucoup aimé découvrir Cézanne dans cette enquête. Personnage discret, marginal des Salons et du style artistique de son temps, même des Impressionnistes. Il intrigue et fascine. De plus, ces toiles connaissent une évolution très intéressante. Très admiratif des peintres classiques et de ses aînés, il se libère de ce poids traditionnel pour forger son propre langage esthétique, solitaire.
Introduction
Il est impossible de parler du développement de l’art moderne sans se rapporter souvent à Cézanne. La leçon artistique du maître d’Aix-en-Provence a été fondamentale pour toutes les expériences qui devaient suivre. Il ne fut pas, comme certains l’ont soutenu, le restaurateur de l’ordre classique, par opposition au désordre présumé de l’Impressionnisme. Il participa à ce nouveau monde pictural des impressionnistes sans lequel on ne peut l’envisager. Mais Cézanne va au-delà pour affirmer sa vision méditée dans la solitude, un désir de construction qui, partant d’un contact constant avec la nature, la domine très vite grâce à l’autonomie du style, à la pureté des volumes et des images, à la vibration fantastique et structurée de la couleur. « Traiter la nature par le cylindre, le cône et la sphère… » écrivait l’artiste à la fin de sa vie. Cette idée d’une construction organique de la peinture est toujours présente. Arrivé à Paris pour la première fois en 1861, il affirme, dès 1865, un style original. L’empreinte particulière qui se dégage de ses tableaux est faite d’énergie et d’effort retenu ; Cézanne est sollicité à cette époque par un romantisme véhément qui rend ses toiles difficilement acceptables au public des évasions sentimentales et superficielles. En 1865, il a dépassé la construction académique de sa première formation, il a assimilé Delacroix et Courbet, il a observé avec attention Manet, Monet, Pissaro, Renoir. Son admiration pour Delacroix et pour sa liberté de tons ne cessera jamais. En pleine maturité,