Peinture
La Presse | Publié le 18.06.2010
Peintre de l’abstraction par excellence, Néjib Belkhodja (1933-2007) est entré de son vivant dans la légende. La spécificité de son art, facilement identifiable, porte le sceau éminent de l’authenticité dont il a fait son cheval de bataille.
Voilà trois ans déjà depuis que le grand artiste nous a quittés et, pourtant, l’œuvre considérable de Néjib Belkhodja continue de nous interpeller par cette empreinte authentiquement tunisienne qui définit sa peinture.
Si les points focaux de l’inspiration de l’artiste coïncident avec certaines exigences et certains principes de l’astractionnisme, il n’en demeure pas moins qu’il a réussi à ne jamais se couper de ses racines et à surmonter le danger de l’uniformisation artistique.
Vivre en symbiose avec son milieu
Imbu jusqu’à la moelle des valeurs du patrimoine architectural, la peinture de cet enfant de la Médina est restée profondément nationale. Il a réussi la parfaite symbiose, pas du tout évidente, de concilier le langage universel, ainsi que les recherches picturales modernes en cours en Amérique et en Europe, avec son inspiration ancrée et enracinée dans sa propre culture. Ainsi donc, son abstractionnisme n’obéit à aucune tendance et ne colle point aux lois immuables de ce courant artistique et à son rythme propre à l’empêtrer et l’enferrer dans des formules restrictives et, sans aucun doute, castatrices de sa liberté de mouvement. Ce qui marginaliserait sensiblement sa position et réduirait ses œuvres à une pâle et insignifiante imitation de ce qui se fait ailleurs.
De ce point de vue, Néjib Belkhodja est parvenu à dominer, maîtriser ce processus et le réduire et l’assujettir à sa propre conception.
Contre l’aliénation culturelle
La peinture de Néjib Belkhodja puise sa source d’inspiration dans le paysage urbain, l’architecture traditionnelle de la ville arabe. Point de doute qu’on le confonde avec un autre artiste.