Penser par soi meme : ce risque vaut il d'etre pris ?
Une personne pense par elle-même lorsqu’elle s’efforce de former son propre jugement sans se contenter de suivre l’opinion commune. Penser par soi-même revient donc à rompre avec les croyances et les certitudes de l’opinion pour faire usage de sa raison, ce qui n’est pas sans danger, comme nous le rappelle la vie de Socrate.
Mais, à moins d’inconscience, si quelqu’un juge bon d’adopter une attitude c’est qu’il a des raisons de le faire, qu’il est conscient des enjeux qu’elle comporte.
Quels sont alors les dangers liés au fait de penser par soi-même ? Et quels en sont les enjeux ?
Enfin si on décide de penser par soi-même en ayant conscience des risques et des enjeux que cela comporte, comment peut-on être sûr cependant d’avoir fait le bon choix ?
On ne peut justifier un choix qu’en faisant état de ce qui semble essentiel dans la conduite humaine, en faisant état d’un système de valeurs.
Le système de valeurs de celui qui pense par lui-même est-il le bon ? Au nom de quoi le justifie-t-il ?
*
Penser par soi-même, c’est d’abord ne pas penser par autrui. D’ailleurs répéter passivement ce qui se dit ou ce qu’on dit ne peut pas s’appeler penser, ce qui montre que l’expression doit être comprise dans une perspective qui met en valeur l’effort de l’individu pour réfléchir par ses propres moyens. En effet l’individu qui pense par lui-même cultive une forme de retrait vis-à-vis de tous les discours qui lui paraissent manquer de fondement et qu’on nomme en philosophie opinion.
L’opinion c’est aussi bien l’avis personnel que tout ce qui est tenu pour vrai par une collectivité, son corpus de croyances. Car l’opinion, quelle que soit sa forme, est un cas particulier du concept de croyance : croire c’est tenir pour vrai et toute opinion est incertaine. La preuve en est que lorsqu’on en énonce son opinion en voulant marquer que ce n’est qu’une opinion, on dit "je crois que…"