Pensez-vous, comme du bellay, que le poète qui « chante » son mal « l’enchante » ? dissertation
CORRIGÉ
La poésie
Voici quelques paragraphes rédigés qui pourraient constituer un passage de la dissertation.
Les chants du coeur : le parti pris esthétique des sentiments ; la beauté des « purs sanglots »
Pour Musset, la raison ne peut engendrer la beauté et si, pour lui, les
« chants les plus désespérés sont les chants les plus beaux », c’est qu’ils émanent du coeur. Le coeur, siège du désespoir et de la souffrance, est aussi le principe créateur poétique, seul capable de génie esthétique : « Ah !
Frappe-toi le coeur ! C’est là qu’est le génie ! / C’est là qu’est la pitié, la souffrance et l’amour. » (Musset, À mon ami Édouard, 1832)
Cette conception, bien que très marquée par son époque, éclaire cependant certains aspects de la création poétique et l’on peut chercher ce qui donne leur beauté aux « purs sanglots » du poète.
La souffrance conduit le poète à se dépasser
Sous le choc de la souffrance, le poète atteint à des limites que le vulgaire ignore et explore malgré lui des expériences hors du commun. Ce sont ces chocs qui le font vibrer et le poussent à dire l’indicible pour lequel il faut trouver de nouveaux mots, de nouvelles images et inventer un langage, essence même de la poésie. C’est la souffrance encore qui fait voir
« autrement » la réalité la plus quotidienne. Ainsi, c’est la mort de Léopoldine qui inspire à Hugo les vers de « Demain dès l’aube » et de « À
Villequier » :
« Hélas ! laissez les pleurs couler de ma paupière,
Puisque vous avez fait les hommes pour cela !
Laissez-moi me pencher sur cette froide pierre
Et dire à mon enfant : Sens-tu que je suis là ? »
Musset doit ses plus beaux vers, notamment ceux de la Nuit de Mai, à sa rupture cruelle avec sa maîtresse George Sand, rupture qui, par le désespoir qu’il en a conçu, lui a inspiré ses « Nuits ». René-Guy Cadou doit certains de ses plus beaux vers à la