Pensez-vous que la Turquie puisse entrer dans l’Union Européenne ?
En visite officielle à Ankara les 27 et 28 janvier, le président français François Hollande ne pouvait se soustraire à la question de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE), dont les négociations sont bloquées depuis trois ans. Néanmoins, les violentes répressions des manifestations par le régime d’Erdogan fin mai 2013, ainsi que la réforme judiciaire engagée en janvier 2014, ont ravivé le débat sur l'adhésion turque à l'Union européenne. Un débat vieux de presque 50 ans déjà, qui divise profondément les Européens. Car au-delà de la Turquie, ce sont les questions des frontières de l'Europe et de la nature de projet européen qui sont en jeu. Les négociations d'adhésion ont repris le 5 novembre 2013, avec l'ouverture d'un nouveau chapitre relatif à la politique régionale. Des 35 chapitres qui constituent le processus d'adhésion, 14 ont été ouverts et un seul a été bouclé.
IM : L’adhésion de la Turquie répond à des visées politiques et économiques qui vont à l’encontre de la nature du projet européen, ce qui rend improbable une entrée à moyen comme à long terme dans l’UE.
I. Le projet d’adhésion de la Turquie
a) Un processus lancé en 2005 : candidate depuis 1999, la Turquie a obtenu, en 2005, l'ouverture des négociations avec l'UE en vue de son adhésion. Le premier ministre Erdogan, arrivé au pouvoir avec l'AKP (islamo-conservateur) en 2002, a lancé un vaste chantier de réformes politiques et économiques dans l'espoir d'entrer dans l'Union. Depuis 2007, la Turquie a reçu 685 millions d'euros par an de l'Union européenne pour faciliter son adaptation aux critères européens. L'instrument d'aide de préadhésion (IAP) de la Commission vise à soutenir l'édification d'institutions démocratiques et d'une économie de marché, une amélioration de la capacité administrative, le développement régional et rural, etc.
b) Le désir turc d'Europe : La Turquie a choisi l'Europe et l'Occident comme