En premier lieu, Roland est dépeint comme UN GRAND GUERRIER. En effet, il a conquis de très nombreux pays pour son roi: « Puis je lui conquis l’Anjou et la Bretagne, le Poitou et le Maine […] l’Irlande et l’Angleterre qu’il a fait son bien propre » (l. 27-36). L’accumulation, qui s’étend sur un paragraphe entier, contribue à amplifier la stature de Roland, le faisant apparaître comme un conquérant hors de l’ordinaire. L’effet est même renforcé par la répétition de l’adverbe d’intensité « tant » : « Tant de batailles avec vous remportées sur les champs! Tant de grandes terres conquises » (l. 15-16). D’autre part, le comte fait preuve d’une force exceptionnelle. Force de caractère, d’abord, que traduisent son endurance, son courage et sa persévérance. Même s’il est sur le point de mourir, il combat l’ennemi corps et âme, jusqu’à son dernier souffle. Abattu par le Sarrasin, il trouve encore l’énergie de se relever : « il s’efforce de se tenir debout du mieux qu’il peut » (l. 10-11). Force physique, également, que traduisent spectaculairement les hyperboles suivantes: il « fracasse l’acier, la tête, les os » du païen, dont il « fait jaillir les deux yeux hors de la tête » (l. 17-18). Presque vidé de son sang, il réussit à rassembler ses dernières forces pour tenter de briser son épée, afin d’éviter qu’elle ne tombe aux mains de l’ennemi. Sa puissance semble si grande qu’elle dépasse la capacité du narrateur à la traduire en mots, alors que le comte s’acharne contre Durendal, pourtant incassable : « Puis Roland frappe à nouveau sur une pierre grise. Il frappe même davantage que je ne sais vous dire » (l. 42-43). Bref, Roland apparaît comme un héros d’exception, tant par le nombre impressionnant de ses conquêtes que par sa force extraordinaire, qui semble faire de lui un