Personnelle
Posté dans 29 mai, 2010 dans critique.
Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès, mise en scène de Michael Thalheimer. Le racisme contre lequel Koltès s'élève avec violence: les chiens (au pluriel) donc sont les Français sur un chantier en pleine brousse dans un pays africain qui pourrait être la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Sénégal ou le Niger… et le nègre est Alboury, qui est venu leur réclamer le corps de son frère, victime,lui dit-on, d'un accident, en fait d'un meurtre. Mais, comme le dit très justement Michael Thalheimer: ” Il ya deux thèmes frappants dans la pièce de Koltès: d'une part la différence entre Noirs et Blancs et d'autre part, la différence entre hommes et femmes”.
En effet, on a affaire à deux conceptions du monde tout à fait différentes. Chez les Blancs, l'homme et la femme ne se comprennent pas.” Léone, la jeune femme, qui était femme de chambre à Paris, débarque en Afrique chez Horn qui l'a fait venir pour l'épouser… Mais il lui parle très peu! Et Cal, l'employé de Horn ne sent pas en confiance avec Léone venue perturber un équilibre idéjà fragile entre Horn et lui…
Quant à Alboury, il finira par injurier Léone en ouolof en la traitant de fille de pute , en lui crachant au visage, Léone qui s'était accrochée à lui, sans aucune pudeur, comme à une bouée de sauvetage en croyant naïvement qu'elle allait pouvoir devenir une femme noire et arranger les relations entre Horn et lui. Et les trois Français parlent sans cesse , parlent comme si c'était le seul moyen pour eux d'acquérir une identité. Horn, la bouteille de whisky à la main essaye de se persuader qu'il est bien un Français important responsable d'un chantier qui, en réalité, ne va pas tarder à fermer: ” D'ailleurs, dit-il avec un certain cynisme à Alboury, vous êtes ici presque en territoire français.” Ce “presque” révèle aussitôt le personnage et toute l'ambiguïté de la présence européenne en Afrique, encore maintenant.