Petite biographie d' homère
a) Pour les Anciens
Homère était aux yeux des Grecs le poète épique par excellence, celui qui nourrissait l’éducation de tout jeune instruit qui en connaissait des passages entiers par coeur... Mais sa biographie restait très floue : qui était celui que les Grecs nommaient Homère, en interprétant ce terme comme signifiant
« l’otage », ou par jeu de mots comme signifiant « celui qui ne voit pas », et en le représentant comme un vieillard aveugle ? Est-ce lui qui apparaît sous la figure de Démodocos, « à qui la Muse a pris les yeux, mais donné la douceur des chants », l’aède aveugle (le fait d’être aveugle relève de son statut de poète, éclairé par la muse comme le devin Tirésias est aveugle, car inspiré par les dieux) qui fait pleurer
Ulysse en chantant, chez les Phéaciens, les exploits des héros de la guerre de Troie (chant VIII) ? Plusieurs lieux, tous situés en Asie Mineure, se disputaient l’honneur de l’avoir vu naître : la ville de Smyrne, les îles d’Ios ou de Chios... Mais quand ? À la fin du IXe siècle avant J.C., ou plutôt au VIIIe (vers 750 av. J.
C.), comme le pensent les Modernes ?
Homère, dans l’Antiquité, représente la figure de l’aède, poète épique qui déclame ses oeuvres en s’accompagnant de la cithare. Mais dans cette culture de création orale et collective, où les mêmes motifs (la guerre de Troie, le retour des guerriers dans leur patrie) sont repris et variés sans cesse selon les créateurs ou interprètes, et où la part d’improvisation et d’interprétation reste très large, quelle est véritablement sa place ? Peut-on le considérer comme un «auteur » au sens moderne du mot ?
b) Pour les Modernes
Si, pour les Anciens, l’existence d’Homère ne fait aucun doute, à partir du XVIIIe siècle elle a été contestée, et la «question homérique» a alors divisé les commentateurs : le poète n’est-il qu’un personnage mythique dont le nom cache en fait une longue tradition orale de poèmes transmis sur des générations, et qui