Petitpandajaune
A- I) Tout d’abord, il ne faut point se lasser de répéter que le Moyen-âge ne fut point une époque triste, comme d’aucuns s’obstinent à le prétendre ; et le peuple parisien ne cesse point de se moquer de tout. Il immortalise la Farce même aux murs des cathédrales. Son ironie n’épargne ni le Christ, ni les Saints, ni la Vierge, pourtant si fêtée.
On le voit successivement apprenti, garçon, maître, chef de jurande, apothicaire, chirurgien, avocat, juge, moine, pape, mais ne cessant jamais d’être renard, toujours gambadant, toujours sautant, en quête de méfaits et de drôleries. Toute la ville vient l’applaudir. Jusqu’au soir il se démène ainsi, déchaînant I‘ ivrognerie et la luxure.
II) Elle était toujours installée au-dessus d’un échafaud très élevé adossé généralement contre la façade d’une maison. De grandes toiles peintes figuraient une maison, un bois ou un palais. On les faisait descendre d’une charpente disposée en forme de cintre et souvent des outils, des meubles ajoutaient au réalisme de la scène.
Il y avait trois échafauds superposés représentant l’enfer, le purgatoire et le ciel. Dans le bas se trouvait l’enfer, figuré par une énorme gueule de diable, rouge, velue, et entourée de diablotins crachant du feu. Au milieu. C’était le purgatoire. Le décor était moins terrible il s’harmonisait avec le vénérable Adam et l’accorte Ève. Dans le haut enfin, le décor représentait le ciel. On y voyait, peints sur la toile, des nuages, des anges, et, assis au beau milieu, Dieu le Père, qu’entouraient des Saints à la longue barbe.
Ces trois décors restaient immobiles. Ils étaient fixés sur des charpentes au travers desquelles grimpaient des escaliers pour permettre L’ascension de l’âme qui partit de l’état de péché, arrivait à la félicité céleste. Devant chacun des trois décors une vraie scène aussi s’étendait ; car les acteurs étaient nombreux et souvent on faisait figurer des animaux, comme la vache de Bethléem ou bien encore l’ânesse de