Peut-il y avoir une morale du plaisir?
Peut-il y avoir une morale du plaisir ?
Si l’Homme éprouve le besoin d’une morale du plaisir, c’est avant tout pour se détourner de ses angoisses. Ces dernières touchent à l’inévitabilité de la mort, la crainte des dieux, la question de la souffrance et la question du sens. Mais la nécessité d’une telle absolutisation du plaisir, qui devient une fin en soi, émerge également de la volonté d’accéder à la vie heureuse. Ainsi il convient de se demander s’il existe une véritable règle de vie, entièrement fondée sur le plaisir, qui permettrait à l’Homme d’atteindre le souverain bien. Autrement dit, le plaisir peut-il constituer à lui seul une ligne de conduite ? Est-ce que ce type de morale connaît des limites ? Mais encore existe-t-il d’autres moyens pour parvenir au bonheur ?
De prime abord, le plaisir a déjà constitué à première vue un art de vivre à part entière et ce depuis l’Antiquité.
Certains penseurs ont orienté leur vie vers différentes sources de bien-être, que ce soit l'amitié, la tendresse, la sexualité libre, les plaisirs de la table, la noblesse de l’âme ou encore un corps en bonne santé. Dans le même temps, les douleurs et les déplaisirs, tels que l’humiliation, la soumission, ou la violence étaient à éviter. Les adeptes de cette philosophie, l’hédonisme, se devaient d’être curieux et autonomes intellectuellement, faisant confiance non pas en la foi, mais en leur savoir ainsi qu’en l'expérience du réel. Pour cette raison, la pensée hédoniste a été fermement combattue par les principales religions monothéistes, comme le christianisme, qui revendiquait la foi chrétienne comme étant l'hédonisme véritable, car menant au plaisir le plus profond et le plus durable, dans la contemplation de Dieu.
Dans sa Lettre à Ménécée, EPICURE expose les principes de sa doctrine, proche de l’hédonisme. L’éthique épicurienne fait du plaisir le souverain bien, cependant à la différence de l’hédonisme, l’épicurisme ne défend pas un