Peut-on apprendre à penser ?
On pense naïvement que la nature rationnelle de l’homme lui permet naturellement de savoir penser. L’observation des hommes dément pourtant cette certitude, confirmant l’observation de Paul Valéry selon qui « penser est une exception à une règle générale : ne pas penser ». En effet, superstitions, croyances occultes, fanatismes sont des phénomènes courants qui s’enracinent dans l’absence de jugements rationnels et la persistance des individus au niveau du sentiment et de la croyance. Dans ces conditions, peut-on apprendre à penser ?
« Apprendre à penser », cette expression renvoie à la notion d’apprentissage. Quand un enfant apprend par exemple à faire du vélo, il lui faut passer par un entrainement approprié lui permettant ensuite de savoir pédaler, c'est-à-dire de pratiquer habituellement sans chute. Mais la pensée, activité intellectuelle est-elle comparable à une activité physique tel le vélo qui nécessite entrainement, répétition de l’exercice et aussi d’être soutenu et guidé ? Est-il possible de l’apprendre en s’exerçant de manière à en faire une habitude de vie comme le cycliste habitué au vélo pratique spontanément ?
Mais alors, pourquoi la pensée nécessite-elle un apprentissage ? Comment celui-ci est-il possible ? En quoi réside-t-il ? Et en vue de quelles fins le faire ?
Les sciences comme la philosophie prétendent rompre avec les croyances irrationnelles, les interprétations superstitieuses des phénomènes, élaborer un pensée rationnelle. L’ambition scientifique et philosophique d’une pensée affranchie des croyances obscures, c'est-à-dire libérée, a-t-il un sens ?
Nous examinerons ce qu’est penser et expliquerons les raisons justifiant la nécessité de cette apprentissage, nous envisagerons ensuite comment et en vue de quelles fins apprendre à penser
Penser implique un certain rapport à soi dans la solitude.
Platon définit la pensée : « un discours que l’âme se tient à elle-même sur les objets