Peut on désobéir aux lois
Question de philosophie politique plus que question sociale à proprement parler, mais question relative aux fondements juridiques de la société néanmoins. Cette question vient à un moment où l’on assiste en France à une forme d’inflation législative, clairement identifiée, parfois dénoncée. Phénomène qui pourrait à lui seul justifier que l’on se demande ce qui aujourd’hui fait loi, et surtout ce qui fonde le recours du gouvernement à la loi. Mais l’opportunité de notre question peut aussi être envisagée dans une perspective plus longue, moins conjoncturelle : qu’est-ce qui, dans un pays aux institutions démocratiques, fonde l’autorité de la loi, et comment le citoyen doit penser son propre rapport à la loi ? La question peut à première vue être qualifiée de subversive dans la mesure où son intitulé pose comme une évidence que l’on peut, voire que l’on doit, désobéir aux lois, du moins dans certaines conditions. Il faut pourtant d’emblée réaffirmer l’attachement des membres de la Fédération Française le Droit Humain au principe de la légalité. Attachement qui ne relève pas d’une docilité passive mais qui est fondé sur la croyance dans les vertus de la loi votée par les représentants du peuple souverain. La loi votée par les représentants du peuple est bien un ciment nécessaire à l’ordre et à la cohésion sociale, et la principale garantie de la liberté. C’est donc en conscience que cette question est posée, comme une question saine sur les fondements de l’autorité légitime.
La question paraît ambitieuse et bien périlleuse en raison même de son caractère général, mais nous allons y répondre d’un point de vue philosophique pour une éthique politique, renvoyant à chacun le choix des modalités pratiques de son