Peut-on désirer sans souffrir ?
1. Par définition, le désir implique la souffrance
A. Le désir comme manque Distinguons d’abord le désir du besoin : celui-ci est une privation liée au bon fonctionnement de l’organisme, et trouve son assouvissement dans un objet spécifique qui lui préexiste. Le désir en revanche n’a pas d’objet assigné par avance. Il anticipe un plaisir, mais l’objet de son plaisir est souvent le fruit de son imagination, il est lié au fantasme. Cependant le besoin, lié à une nécessité vitale, se trouve parfois entremêlé avec le désir de manière confuse, par exemple lorsqu’on mange. Cette anticipation du plaisir est à la fois réjouissance, jubilation donc source de joie, mais aussi attente, manque, et donc source d’inquiétude, de souffrance. Le rapport du désir à son objet est paradoxal, car le désir vise la possession de l’objet désiré, donc la fin du désir. Le désir vise, en ce sens, à s’autodétruire. Platon, dans le Banquet illustre cette idée avec le mythe d’Aristophane, retraçant l’origine de l’amour. L’amour serait la recherche d’une union perdue avec sa moitié, et finalement le désir de retrouver un amour fusionnel. À l’origine, des êtres primitifs sont composés de sphères à