Peut-on désirer l'impossible pour être heureux?
Arthur Schopenhauer a toujours comparé le désir à «l'aumône que l’on jette à un mendiant. Elle lui sauve aujourd’hui la vie pour prolonger sa misère jusqu’à demain.». Cela exprime le fait que l’Homme désire toujours plus que ce qu’il a déjà acquis, c’est à dire que le désir est belle et bien insatiable. Sommes-nous donc à même, une fois que tous nos désirs accessibles aient été rassasiés, de désirer encore plus? De désirer l’impossible?
Autrement dit, le désir n’aurait-il pas de limite? Et si l’Homme venait à découvrir, à se rendre compte de son aliénation pour l’objet de tous ses désirs, pourrait-il encore décider de ne plus désirer afin d’être heureux? Sans désir, l’Homme peut-il encore vivre? Est-il toujours un Homme? Si le verbe ‘‘pouvoir’’ définit simplement la ‘’capacité à’’, le désir, quant à lui, est bien plus complexe à expliquer. En effet, ‘‘désirer’’ vient du Latin desiderare qui signifie ‘’regretter l'absence de’’. Faire l’expérience du désir, c’est endurer la morsure du manque et traverser l’épreuve de l’insatisfaction : tout désir est une tension vers un objet désiré, dont la possession nous apparaît à chaque fois comme étant absolument nécessaire.
C’est par conséquent une tension issue d’un sentiment de manque, un tendance que l’on doit satisfaire. Mais qu’est ce que l’impossible, à part peut être le sens bien connu «qui ne peut être, qui ne peut se faire’’ , le terme ‘‘impossible’’ que nous utilisons bien trop fréquemment? Nous verrons par la suite qu‘Épictète en donne sa propre signification en définissant ce concept comme ‘’ce qui ne dépend pas de nous’’. Mais alors, qu’est ce qu’être heureux? Qu’est ce que le bonheur? C’est également un concept proprement humain, qui vient du latin ‘‘felix’’, qui signifiait à priori, fécond, abondant, fertile, mais qui a évolué pour définir ‘’quelque chose d’efficace’, de propice, de favorable’’, pour enfin vouloir dire, à