Peut on juger un ami ?
Lorsque quelqu'un commet un vol, nous nous créons une opinion sur celui-ci, «Le vol c'est mal, il n'aurait pas du», mais lorsque cette personne nous est chère, avons nous le même processus de réflexion? François de la Rochefoucault affirme que « le plus grand effort de l'amitié n'est pas de montrer nos défauts à un ami, mais de lui faire voir les siens.» Alors dans quelles mesures sommes nous capables d'évaluer une personne pour laquelle nous avons de l'affection? Y sommes nous autorisés et en avons nous la compétence? Ou l'affection et les liens qui nous unissent à cette personne sont-ils un obstacle à la critique que l'on peut émettre? Plusieurs hypothèses peuvent être émises en fonction du sens que l'on donne aux notions d'amitié et de jugement. L'attachement et la sympathie qui nous unissent à un ami sont d'un premier abord un frein à notre jugement. Mais il sont surtout la raison qui nous pousse à former un jugement, nous développerons ces idées différenciant les notions de capacités et de devoir.
L'amitié est une valeur importante de notre société; un ami est une personne pour laquelle nous avons de l'affection, de l'attachement. Il nous accorde sa confiance et pour cette raison il n'est pas aisé de le juger (sur sa pensée, sa parole ou ses actions); car il s'agirait de donner notre opinion et de faire une critique de ce dernier qui pourrait mal réagir. Nous avons peur des conséquences qui pourraient en découler, c'est pour cela que nous préférons souvent nous voiler les yeux. Imaginons qu'un ami décide d'arrêter son travail, pourtant une bonne situation, pour se lancer à son compte dans un domaine dans lequel il n'a pas d'expérience, cela nous paraît irréfléchi et irresponsable, nous ne lui dirons pas pour autant car c'est son choix, et face à notre critique il pourrait être hostile. Nous restons, plus ou moins volontairement, aveugle devant cette situation. Si nous ne lui donnons pas notre