Peut on se faire justice soi-même ?
L’expression se faire justice soi-même correspond à une tentation forte de palier une justice déficiente ou trop laxiste. Il semble que lorsque nous subissons le mal de la part de quelqu’un d’autre, nous serions les mieux placés pour nous faire justice. Peut-on encore parler de justice lorsque nous sommes juges et partie ?
Peut-être cependant y a-t-il une autre façon de se faire justice soi-même, non par l’acte qui consisterait à se venger mais par la revendication pour soi, d’une justice que l’on reconnaît valable pour tous.
Se faire justice soi-même correspond au fait de punir nous-mêmes quelqu’un qui nous a fait du mal. Soit en tenant compte d’une proportion soit en ne le faisant pas. Celui qui fait plus de mal qu’on ne lui en a fait, il est certain qu’il n’est pas dans la justice, parce que la justice c’est un principe d’égalité et que celui qui se venge ne le connaît pas. D’ailleurs on ne se venge pas d’un mal fait mais d’une offense, et la vengeance a la démesure de l’orgueil, pas la mesure de la justice. .
Donc on ne peut pas se faire justice soi-même lorsqu’on se venge sans mesure.
En revanche on pourrait peut-être se faire justice soi-même si on Cherchait à effectuer une égalité proportionnelle entre le mal qu’on a subi et celui qu’on ferait à un coupable. La formule la plus ancienne de la justice c’est « œil pour œil, dent pour dent » et il s’agit d’une forme de justice, d’égalité proportionnelle. Si, par exemple, sans chercher à le faire souffrir, je tue quelqu’un qui a tué un proche, j’ai l’impression de pouvoir dire « justice est faite ». Cependant ce n’est jamais qu’une impression de justice justement parce que cette Proportionnalité est celle de la souffrance, je compense la mienne par celle de quelqu’un d’autre, mais il ne s’agit pas de véritable justice. Je fais « payer quelqu’un » mais dans une monnaie trop suspecte, la souffrance, comme le disait Nietzsche « faire souffrir fait plaisir cela apporte à