Peut-on se mettre à la place d'autrui?
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« Qu’aurais-tu fait à ma place ? » nous demandons souvent. En effet, nous sommes couramment amenés, dans nos rapports humains, à utiliser ce genre de remarque pour inviter l’autre à s’identifier à nous, chose qui semble légitime étant donné que nous partageons la même nature humaine. Toutefois, certaines expériences ou émotions sont impossible à partager car leur caractère singulier échappe à cet autre que moi qu’est autrui. Nous en venons donc à nous demander s’il nous est possible de comprendre l’autre au point de s’identifier à lui. Tout d’abord, il semblerait que le partage de cette nature humaine nous autorise à envisager autrui comme un autre moi-même, rendant donc légitime une démarche d’identification à lui. Mais ensuite, il apparait que c’est justement cette humanité qui nous empêche de surmonter l’altérité en ce que notre caractère proprement humain nous rend inévitablement unique. La question « peut-on se mettre à la place d’autrui ? » semble toutefois réduire le champ des possibilités étant donné qu’il nous est parfois nécessaire de nous y essayer pour apprendre à respecter l’autre en devenant ainsi un être moral. Ainsi, le partage d’une même nature humaine suffit-t-elle à affirmer que nous pouvons nous mettre à la place de l’autre quand bien même cette humanité donne un aspect réducteur à toute pensée prétendant avoir saisi l’autre dans son intégralité et peut-on résumer l’identification à l’autre comme une simple marque d’empathie alors qu’il en va de notre devoir morale de respecter sa dignité ?
A présent, nous allons voir, qu’autrui, en tant qu’il est un autre moi-même nous permet de s’identifier à lui. En effet, l’être humain est par nature doué d’empathie. Il a cette capacité de ressentir les émotions de l’autre –empathie vient du grec « pathein », sentir- qui lui est innée, c’est une faculté intuitive qui explique sans doute pourquoi il nous est parfois possible d’anticiper certaine réactions des personnes qui nous