peut on tout dire?
Quand on raconte, on est soumis à plusieurs conditions. D’une part, chacun aura une manière propre d’interpréter un récit pour lui donner vie. Notre caractère et notre vitalité nous contraignent à un certain jeu d’interprétation. D’autre part, pour raconter dans un rythme vivant, il nous faut savoir éliminer les détails inutiles pour mettre en valeur des détails significatifs. Un récit peut donc plus ou moins rendre compte des événements à cause des contraintes de style et de temporalité.
Si le récit pour être vivant, présente ces contraintes, alors peut-on tout dire ?
Outre ces problèmes d’idéalisation et d’interprétations du réel par le récit, on rencontre un problème de communication quand on expose ou quand on exprime des idées. Est-ce que je suis assuré d’être compris ? Comment vais-je garder l’attention de mon auditoire ? Qu’est-ce qui, plus généralement, assure l’efficacité de ma parole ? Une communication réussie serait une communication convaincante ou persuasive. Mais cette ambition de tout dire comprise ainsi est-elle légitime ? La persuasion bien souvent utilise le mensonge et la manipulation : est-elle éthique ? Aujourd’hui la publicité qui entoure non seulement les produits de consommation mais la politique et la justice n’est-elle pas une manifestation de la rhétorique sophistique critiquée par Platon et Socrate ?Ne faudrait-il pas mieux pratiquer la communication sur des convictions argumentées ou sur l’usage de la démonstration ? On peut dire tout ce qu’il nous revient de dire à condition de ne pas se contredire.
Mais si l’argumentation est la seule façon de dire authentique, pour que la communication soit éthique faut-il alors interdire moralement voire légalement ce qui est de l’ordre du persuasif. Si l’on privilégie seule l’argumentation comme authentique, ce qui est uniquement persuasif comme propagandes et publicités serait alors interdit. Dès lors la question « peut-on tout dire ? » devient aussi une