Le passé est irréversible et révolu, il renvoie donc à une certaine impuissance d'agir, et par conséquent de vivre avec lui. Mais si nous pouvons accepter ou rejeter son passé, pouvons-nous l'ignorer ? Le verbe "pouvoir" implique ici la possibilité ou la permission. Est-il possible d'ignorer son passé ? Cela est-il permis ? Pour répondre à cette question nous allons d'abord étudier les raisons qui poussent à désirer oublier le passé, puis les différentes façons par lesquelles l'oubli est possible, et pour finir nous parlerons des mémoires collectives.

I. Les raisons qui nous poussent à oublier le passé
A. S'en détacher
Il y a parfois des évènements que nous pensions révolus qui ressurgissent dans le présent. Cela peut être troublant et ainsi modifier le caractère de notre présent, changer notre personnalité ou bien nous empêcher de vivre pleinement l'instant présent. Dans d'autres cas, des individus peuvent ressentir du remord et désirer que le passé soit passé, ou bien éprouver des regrets qui les poussent à vivre dans une certaine nostalgie. Il faut savoir se détacher d'une expérience douloureuse pour prétendre à un meilleur futur.
C'est à partir du passé qu'on éclaire le présent. Oublier un passé difficile permet d'aller de l'avant, de s'éloigner de souvenirs qui empêchent de vivre entièrement le présent ou encore de se constituer nous même, notre personnalité sans les conséquences psychologiques qu'engendre une expérience tragique.
Malheureusement nous sommes dans l'incapacité d'oublier volontairement notre passé. Mais il est en revanche possible, par accident, d'oublier notre passé ou nos expériences émotives. L'inconscient se charge de "mettre de côté" nos souvenirs car comme le dit Bergson "on ne peut pas avoir présent à l'esprit tous nos souvenirs en même temps". L'inconscient agit aussi sur les expériences émotives : c'est ce qu'a démontré Freud avec l'hypothèse de la résistance et du refoulement. A l'époque une jeune femme, Anna O., souffrait