Peut-on être heureux sans amis?
Bien qu'étant un des plus grand penseur de la démocratie, Rousseau n'a pas eu que des amis. Souffrant d'un délire de persécution pour les uns, victime d'un complot réel pour les autres, c'est dans la solitude qu'il trouve le bonheur, expérience dont il témoigne dans Les rêveries du promeneur solitaire. Dans le même temps, Diderot écrit, à propos de Rousseau: «il n'y a que le méchant qui soit seul ». Cet exemple pose la question de savoir si l'on peut être heureux sans amis: l'amitié est-elle nécessaire à notre propre accomplissement ou bien peut-on trouver une forme d'accomplissement dans la solitude?
D'un côté la nature sociale de l'homme fait qu'on ne voit pas comment sans amis ont peut être heureux: il n'y a de bonheur accompli que partagé dit-on souvent; mais d'un autre côté, dire qu'on ne peut être heureux sans amis, n'est-ce pas faire dépendre le bonheur d'une condition extérieure sur laquelle nous n'avons pas de prise? N'est-ce pas le faire dépendre des circonstances, voire l'hypothéquer si l'on pense aux souffrances qui naissent de la rupture d'une amitié, le mieux étant, si l'on veut être heureux de ne jamais aimer?
Que faut-il penser: peut-on être heureux sans amis ou bien l'amitié est-elle indispensable au bonheur ?
I- On ne peut être heureux sans amis
Al La nature sociale de l'homme Cf / Aristote, La Politique, I, 2
« L'homme est par nature uri animal politique. Et celui qui est sans cité, naturellement et non par des circonstances, est ou un être dégradé ou au-dessus de l'humanité. »
Pour Aristote, l'homme est naturellement un être sociable, c'est-à-dire fait pour vivre en société, de sorte qu'un homme seul ne peut être qu'une bête ou un Dieu.
C'est pourquoi, pour Aristote, il ne peut y avoir de bonheur accompli que si l'on possède des amis. Le bonheur culmine dans la convivialité et les relations entre vrais amis, sachant que, pour Aristote, la véritable amitié ne peut exister qu'entre êtres vertueux.