phédre ( acte 2 ,scéne 2)
Acte II, Scène 2 (v 524-552) : L’aveu amoureux d’Hippolyte à Aricie
Introduction
Phèdre, tragédie classique en 5 actes et en vers, est présentée par Jean Racine (1639-1699) pour la première fois le 1er janvier 1677 ; Racine avait alors appelé sa pièce Phèdre et Hippolyte, ce qui ne fut modifié que dix années plus tard. Comme dans toute réécriture d'un mythe, les sources du dramaturge sont nombreuses. On y trouve notamment des références au poète grec Euripide et au philosophe romain Sénèque. Comme l'écrivait Gide dans son Journal, cette pièce réside dans le conflit qui tourmente Phèdre, "théâtre et victime d'une tragédie interne."
L’extrait étudié est une tirade d’Hippolyte, fils de Thésée et d’Antiope, qui exprime son amour interdit pour Aricie, une princesse de sang royal d’Athènes.
Extrait étudié
HIPPOLYTE
Je me suis engagé trop avant.
Je vois que la raison cède à la violence.
Puisque j'ai commencé de rompre le silence,
Madame, il faut poursuivre : il faut vous informer
D'un secret que mon cœur ne peut plus renfermer.
Vous voyez devant vous un prince déplorable,
D'un téméraire orgueil exemple mémorable.
Moi qui, contre l'amour fièrement révolté,
Aux fers de ses captifs ai longtemps insulté ;
Qui des faibles mortels déplorant les naufrages,
Pensais toujours du bord contempler les orages ;
Asservi maintenant sous la commune loi,
Par quel trouble me vois-je emporté loin de moi ?
Un moment a vaincu mon audace imprudente :
Cette âme si superbe est enfin dépendante.
Depuis près de six mois, honteux, désespéré,
Portant partout le trait dont je suis déchiré,
Contre vous, contre moi, vainement je m'éprouve :
Présente je vous fuis, absente je vous trouve ;
Dans le fond des forêts votre image me suit ;
La lumière du jour, les ombres de la nuit,
Tout retrace à mes yeux les charmes que j'évite,
Tout vous livre à l'envi le rebelle Hippolyte.
Moi-même, pour tout fruit de mes soins superflus,
Maintenant je me cherche, et