phèdre acte I scène 3
L’aveu de Phèdre n’est pas une libération pour elle, mais un moment où elle expose sa honte. Son amour est interdit, et doit rester secret parce qu’il est un crime ; la nature criminelle de ce sentiment justifie que Phèdre lui livre un combat.
A- L’amour comme crime
A aucun moment, Phèdre ne se réfère clairement aux liens familiaux qui l’unissent à Hippolyte, mais les v.294 à 296 insistent sur ce lien de parenté : Phèdre « affecte » l’attitude que pourrait adopter une « marâtre » ; or, sa relation n’est précisément pas celle d’une belle-mère envers son fils et le seul fait qu’elle doive « affecter » révèle en creux cette dénaturation des rapports familiaux. Le fait que le terme de « marâtre » finisse le vers, tout comme celui de « paternels » au vers 296, les deux époux encadrant, voire enserrant ainsi l’exil du fils insiste sur ce triangle amoureux et familial. De même, le vers 290, précédé de l’exclamation pathétique « ô comble de misère » insiste sur la ressemblance du père et du fils, et donc, sur le crime que commet Phèdre, ce qui annonce la scène de l’aveu à Hippolyte, acte II scène 5 dans laquelle elle se sert de Thésée pour avouer son amour à son bien-aimé.
Phèdre a conscience du caractère criminel de son acte ; elle confie : « J’ai conçu pour mon crime une juste terreur » v.307. Ce terme de « crime » renvoie à l’idée que son amour est un amour coupable et que sa révélation la fait souffrir ; le fait que la terreur qu’elle ressent soit qualifiée par l’adjectif « juste » oppose au caractère impie et illégal de son amour la justice de son châtiment moral.
Or, cette « terreur » dont elle parle, ce n’est pas seulement elle qui la ressent, mais aussi le spectateur de la pièce. La terreur est, rappelons-le, l’une des deux émotions que doit susciter la tragédie, avec la pitié. Ici, le fait que Phèdre souligne elle-même l’horreur de son sentiment éveille chez le lecteur ces deux émotions à la fois. Phèdre s’inspire à