Phèdre de Racine, une tragédie de la parole
La tragédie est le lieu de la parole, spécialement à l'époque classique : le respect des bienséances interdisait de montrer sur scène la violence. Dans la pièce de Phèdre, les mots sont les armes du drame.
En effet, c'est grâce au dialogue que les passions sont découvertes et se développent. La parole échangée avec l'autre donne forme et force aux conflits. Dans l'univers du héros tragique, la relation entre les personnages passe par la parole : aimer, souffrir, combattre, c'est toujours parler. Toute l'action réside donc dans la parole car: "parler c'est faire."
Cela fait donc de Phèdre une tragédie de la parole.
Il faut noter que l'enjeu tragique dans cette pièce est beaucoup moi la signification de la parole que sa présence. Comme le dit Roland Barthes, critique littéraire, c’est « beaucoup moins le sens de la parole que son apparition, beaucoup moins l’amour de Phèdre que son aveu. Phèdre est son silence même : dénouer le silence, c’est mourir, mais aussi mourir ne peut être qu’avoir parlé ».
La parole:
La parole est nécessaire. Effectivement, le théâtre Racinien est très statique (il n’y avait qu’une didascalie pour Phèdre !) La parole est donc le seul moyen d’expression, faisant de cette pièce une tragédie de la parole.
La parole permet de rompre le silence. Elle est révélatrice des pensées des personnages qui étaient jusque là cachées au public.
Elle est souvent involontaire: l'aveu de Phèdre dans l’Acte 1, scène 3 est involontaire ; c’est Œnone qui le lui fait cracher. Montre la faiblesse de l'Homme.
La parole a plusieurs utilités dans cette pièce:
Elle permet d'obtenir la vérité: En effet, c’est le bruit (la rumeur) de la mort de Thésée qui va provoquer toute la tragédie: par la rumeur de sa mort, la passion de Phèdre n'est plus interdite. Cela va rendre possible des aveux et donc une possibilité de vérité.
Mais la parole trouble aussi la vérité: le mensonge d'Œnone (calomnie d'Hippolyte) devient une arme. Par la