Phedre acte 1 scene 2
Esther ►
Jean Racine
Œuvres de Jean Racine, précédées des Mémoires sur sa vie, par Louis Racine
Didot , 1854 (p. 241-261).
Phèdre
PHÈDRE,
TRAGÉDIE. — 1677.
PRÉFACE.
Voici encore une t ragédie dont le sujet est pris d’Euripide. Quoique j’aie suivi une route un peu différente de celle de cet auteur pour la conduite de l’act ion, je n’ai pas laissé d’enrichir ma pièce de tout ce qui m’a paru le plus éclatant dans la sienne. Quand je ne lui devrais que la seule idée …afficher plus de contenu…
Tu vois depuis quel temps il évite nos pas,
Et cherche tous les lieux où nous ne sommes pas.
ISMÈNE.
Je sais de ses froideurs tout ce que l’on récite ;
Mais j’ai vu près de vous ce superbe Hippolyte ;
Et même, en le voyant , le bruit de sa fierté
A redoublé pour lui ma curiosité.
Sa présence à ce bruit n’a point paru répondre :
Dès vos premiers regards je l’ai vu se confondre ;
Ses yeux, qui vainement voulaient vous éviter,
Déjà pleins de langueur, ne pouvaient vous quit ter.
Le nom d’amant peut -êt re offense son courage ;
Mais il en a les yeux, s’il n’en a le langage.
ARICIE.
Que mon cœur, chère Ismène, écoute avidement
Un discours qui peut -êt re a peu de fondement !
Ô toi qui me connais, te semblait - il …afficher plus de contenu…
Vous voyez devant vous un prince déplorable, D’un téméraire orgueil exemple mémorable.
Moi qui, contre l’amour fièrement révolté,
Aux fers de ses capt ifs ai longtemps insulté ;
Qui, des faibles mortels déplorant les naufrages,
Pensais toujours du bord contempler les orages ;
Asservi maintenant sous la commune loi,
Par quel t rouble me vois- je emporté loin de moi !
Un moment a vaincu mon audace imprudente :
Cette âme si superbe est enfin dépendante.
Depuis près de six mois, honteux, désespéré,
Portant partout le t rait dont je suis déchiré,
Contre vous, contre moi, vainement je m’éprouve :
Présente, je vous fuis ; absente, je vous t rouve ;
Dans le fond des forêts votre image me suit ;
La lumière du jour, les ombres de la nuit