Phèdre, la fille de Minos et de Pasiphae. La « rayonnante », la « brillante ». Ascendance lourde s’il en est, à laquelle Phèdre ne manque pas de se référer, mais en insistant plutôt sur le caractère monstrueux et contre nature de la mère, que sur celui, volage, du père (davantage pris en charge, mais sans être pour autant assumé par Hippolyte avec Théramène). La première référence à son ascendance, au début de la pièce, est aussi la plus lointaine : le soleil, père de Pasiphae (42-), mais auquel elle se réfère au moment précis où elle refuse la lumière (la vie) et ne cherche qu’à se cacher (cf. aussi p. 78- songer qu’à me cacher). Contradiction d’essence entre le chtonien (Minos) et l’ouranienne (Pasiphae). Hors la terre, qui est l’espace de la parole, des choix, et de la souffrance, Phèdre n’a pas de lieu : descendante du soleil (ciel et lumière) dont elle veut se cacher, elle est aussi fille de Minos (terre et ombre) qui tient l’urne fatale dans la nuit infernale (94–). Surtout : Phèdre se réfère (mais bien sûr de façon très allusive) à la monstruosité de sa mère et à ses égarements (46-), au feu fatal à tout mon sang (66-), à son sang déplorable (47-). Phèdre relève cette hérédité et se reconnaît – même si c’est négativement – en elle : elle se définit elle-même comme un monstre (67-), évoque ses ardeurs insensées (71-). Oenone n’apporte pas de dénégation à cette réalité mytho-biologique, qu’Hippolyte quant à lui n’éprouve aucune peine à condamner : Phèdre est d’un sang… De toutes ces horreurs plus rempli que le mien (88–).
– Thésée, figure herculéenne (allusion à Alcide, autre nom d’Hercule, cf. p. 38–) : fils d’Égée, et pseudo-fils de Poséidon. Mais son ascendance n’a pas ici grande importance, puisqu’il tient le rôle du père, et même, du père absolu, qui incarne l’ordre et la loi (significatif : le refoulement de Thésée séducteur en I, 1). Grand étouffoir de toutes les passions, c’est son absence qui permet d’abord l’expression et la prise de parole