Phedre
VIIème siècle. Théâtre classique. 5actes. Alexandrins.
Le texte :
Le Logos racinien apparait ici comme un discours qui se déroule pour empêcher l’action. Le nœud amoureux permet de faire fonctionner efficacement ce principe. Phèdre sait que, si elle parle, elle donne une réalité à son amour. Elle retarde donc l’aveu à Oenone. Cet aveu déclenche l’action tragique, l’espoir d’une liberté d’action face à un système réglé pour l’écrasement final : cet amour est impossible. Devant Oenone, Phèdre affirme la toute puissance du langage. Le langage est extraordinairement performatif pour Phèdre en particulier: dire, c’est faire, à tel point qu’elle se refuse à prononcer elle-même le non d’Hippolyte oblitéré par les périphrases. Prononcer le nom de l’aimé suffit à consommer le double crime de l’inceste et de l’adultère. La parole est l’objet d’un transfert : elle ne peut s’annuler ni se reprendre, elle fait entrer dans le temps de façon irréversible.
Résumé de l’œuvre :
Voilà six mois que Thésée a quitté Athènes dont il est le roi. Son fils Hippolyte est sur le point de partir à sa recherche et de fuir la jeune Aricie dont il s'est épris. Phèdre, épouse de Thésée, croit ce dernier mort ; libérée par cette nouvelle, elle se laisse aller à avouer à Hippolyte, son beau-fils, la passion coupable qu’elle éprouve pour lui. Cet aveu met bientôt Phèdre dans une situation intenable : non seulement Hippolyte la rejette, mais Thésée, qui avait simplement disparu, est bientôt de retour. Phèdre est alors poussée au mensonge par Oenone, la nourrice de son époux : elle accuse Hippolyte d’avoir voulu lui faire violence. Thésée maudit son fils et appelle sur lui la colère de Neptune, mais bientôt la nouvelle du suicide d’OEnone jette le doute dans son esprit. Cependant, il est trop tard : il apprend la mort d’Hippolyte, tué par un monstre marin, tandis que Phèdre, qui s’est empoisonnée, lui révèle avant de mourir la vérité sur cette tragédie, en avouant sa faute.