Une fiction peut elle etre vraie

[...] Il semble plus approprié de parler d’une fiction vraisemblable que d’une fiction vraie. Fiction et vraisemblable ne sont pas antinomiques mais, au contraire, complémentaires, voire harmonieux. Ainsi, à première vue, l’histoire dit le vrai, tandis que le roman dit le fictif et l’imaginaire. Or, s’il existe des fictions historiques, c’est bien que l’association des deux concepts est possible et réalisable. Ce qui distingue le roman historique du manuel d’Histoire, c’est la part d’imagination et d’intervention de l’auteur. La fiction historique s’appuie sur des « personnes historiques », dont elle fait des « personnages historiques », sur des « évènements historiques », dont elle fait des « péripéties historiques ». [...]

[...] Pour Borges, une fiction est capable d’être vraie et de nous indiquer le vrai. Le cœur de la réalité et de la vérité se trouve dans les livres. Si, selon l’écrivain, le monde littéraire est plus vrai que le monde terrestre, c’est parce que chaque expérience que vit un quelconque personnage de fiction peut être vécue par tous les hommes, sans exception. Or, si la fiction peut être projetée dans le monde humain, c’est que la fiction correspond à la vraie vie. [...]

[...] Candide se présente, dans son aspect formel, comme un conte. La fiction semble alors être le mouvement dominant du texte. Mais en réalité, grâce à l’ironie à laquelle recourt très souvent l’auteur, nous sommes confrontés à une somme de vérités sur la société du XVIIIè siècle. L’ouvrage de Voltaire est une vision globale des hommes, un tableau que les yeux de Candide nous dépeignent. Ce tableau n’est pas figé ; il est mobile au contraire, comme le parcours des yeux sur leur environnement. [...]

[...] Les moments de fiction sont les moments du vrai le plus profond. Dès lors, la fiction perd sa caractéristique première de fausseté et d’imaginaire pour se rapprocher plus que jamais du vrai. L’œuvre de Proust ne se propose pas, à