Philo le langage
1) Le langage infléchit notre perception (vision) du monde
L'un des reproches adressé au langage, c'est d'être un obstacle à l'expression de nos idées.
On pourrait également suggérer que le langage voile la réalité.
Rappelons-nous qu'en gallois un seul terme désigne le bleu et le vert.
Ainsi un terme désigne 2 réalités distinctes pour la langue française.
Or en nommant ces 2 couleurs d'un seul terme, le gallois ne tend-il pas à les confondre.
Et, du coup, ne dissimile-t-il pas quelque chose ?
Dès lors, pour remédier à cette insuffisance, ne faudrait-il pas forger un langage qui comporte autant de mots qu'il y a de nuances à percevoir dans le monde ?
Ainsi aurait-on la garantie que le langage n'est pas dissimulateur ?
Mais un tel langage ne devient-il pas alors inutilisable ?
Car le monde comporte une infinité de nuances et le langage devrait en comporter tout autant.
Bergson "Le langage nous éloigne des choses "
(J.Russ p.434 texte n°4)
Bergson part d'un constat : Nous ne voyons pas les choses telles qu'elles sont.
Nous ne voyons pas les choses mais telles que les mots nous les montrent.
Entre les choses et nous, il y a le filtre des mots.
Et les mots sont comme des étiquettes sur les choses ; ils abordent les choses dans leur généralité ; les mots ont pour fonction de nous donner une emprise sur les choses.
Les mots ne servent pas tant à connaître mais à agir.
Il s'agit d'ailleurs d'une attitude "naturelle".
C'est notre rapport naturel aux choses.
C'est comportement très courant à l'égard des choses.
Cela est lié à un " besoin " ou encore à une utilité.
Inconsciemment, nous avons une approche utilitaire du monde.
Et cette tendance se trouve renforcée par le langage.
Nous regardons les choses à travers le filtre des mots.
Nous procédons ainsi par " économie " ou souci d'efficacité.
En effet, les mots désignent ce qu'il y a de générique dans la chose.
Ils désignent ce qu'il y a d'identique,