Philo letat
L’État peut être défini comme une instance séparée de la société civile, chargée d’administrer la société. Or si l’État semble nécessaire, c’est que la liberté des uns est menacée par l’agression des autres. Mais le paradoxe est que si l’État exerce un pouvoir intrusif, au nom même de la liberté, il devient lui-même liberticide. Si l’État est fort, il nous écrase, s’il est faible, nous risquons de périr. L’État est-il alors la solution ou le problème ? Serions-nous plus libres sans l’État ?
Nous présenterons successivement trois grandes figures de l’État et leurs conséquences pour la liberté. L’État social est d’abord envisagé comme le mieux à même de remédier à la violence naturelle de l’homme. La suppression de l’État, considéré comme un bandit, est envisagée dans une seconde partie. Enfin nous montrerons que, si l’État est un mal nécessaire, la réduction de son emprise sur les individus et l’autonomisation de la société est, à tout le moins, souhaitable.
1° Thèse : nous serions esclaves sans l’État (l’État social)
L’homme est un être de passions, animé de tendances contradictoires. Cependant il est nécessaire de trouver des principes régulateurs de ces passions afin d’éviter les dérives anarchiques et les violences qu’elles entraînent. L’institution du politique par le biais d’un contrat juridique apparait comme la solution la plus classique de ce problème.
Hobbes, à la suite de Machiavel, est convaincu que « l'homme est un loup pour l'homme ». Il écrit : « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contre chacun » (Léviathan, 1651, trad. F. Tricaud, Éd. Sirey, 1971, p. 124). Logiquement, il imagine un État-Léviathan capable de faire peur aux hommes, afin d’éviter le retour de la guerre civile, qui caractérise l’état de nature. Le Léviathan est un homme ou une assemblée d'hommes qui, par un contrat passé entre tous les membres de