Philo
Il n’était pas nécessaire de chercher quelque inconvénient à l’une ou à l’autre forme de récit et il était délicat de conclure ! Dans tous les cas, il va de soi qu’il fallait exclure des arguments toutes les considérations liées au fait qu’il existe des lecteurs inexpérimentés ou qui n’aiment pas lire : une dissertation littéraire, en effet, suppose un lecteur compétent. Les auteurs n’écrivent pas vraiment pour les autres.
Lla fable, depuis l’Antiquité, est plutôt destinée à développer des exemples, délivrant ainsi des leçons de morale pratique, d’art de vivre sagement tandis que le conte philosophique, apparu au XVIII° siècle, reprend des traits du conte traditionnel, tout en détournant ironiquement les procédés de celui-ci, et est très efficace pour développer sous ce voile la satire sociale et la critique politique
Plutôt que de vous proposer le plan qui a été choisi par tous en trois parties : premièrement la fable, deuxièmement le conte (ou inversement) et troisièmement leurs mérites comparés, je vous propose de partir de l’idée que ce qui rend efficace les apologues ou les contes philosophiques, c’est l’art de plaire avant tout, et grâce à cette séduction du lecteur, de l’instruire.
La première grande partie cherchera donc par quels moyens ces formes littéraires peuvent plaire ("placere"), ensuite nous verrons en quoi elles instruisent ("docere") et enfin nous approfondirons en mettant en évidence l’efficacité particulière de chacune d’elles, chez nos deux auteurs. Le plan sera donc thématique.
1- Plaire au lecteur a- En assurant la gaîté du récit, pour La Fontaine par l’humour, souvent fondé sur des références culturelles, pour Voltaire par l’ironie et l’exagération, qui renforcent les attaques. b- En captivant l’esprit, pour La Fontaine par l’attrait de la poésie (les fables antiques et celle des humanistes étaient en prose et laconiques), pour Voltaire par l’attrait du romanesque