Philo
Certaines choses semblent aller tellement de soi et semblent si bien connues qu'il serait extravagant d’en donner une preuve ; elles s’imposent d’elles-mêmes et immédiatement. Ainsi, il me semble possible de tenir immédiatement pour une vérité qu'il existe des choses matérielles autour de moi, que ce stylo écrit en noir et que cette feuille est blanche.
Pourquoi devrait-on prouver ces vérités qui s’imposent d’elles-mêmes et qu'il ne me semble pas possible de remettre en cause ? Comment les prouver d’ailleurs autrement qu’en affirmant que mes sens en témoignent et que cela suffit.
De plus, il semble bien qu’un énoncé puisse être une vérité sans être prouvé. « Dieu existe », « Dieu n’existe pas », voici deux énoncés contradictoires : nécessairement l’un est vrai et l’autre faux. L’un est une vérité même s’il n’a pas été prouvé. Simplement, je ne sais pas lequel. Il y a donc bien des vérités sans preuve.
Mais justement, à quoi me sert une vérité si je ne sais pas que c’est une vérité ? Et puis-je le savoir autrement qu’en en apportant une preuve ? C'est cela qui fait apparaître l’exigence de preuve. En en restant à la certitude immédiate, je risque d’en rester aussi à l’opinion non fondée et de ne pas accéder à la connaissance, au savoir. De plus, la connaissance, qu’elle soit scientifique ou philosophique, ne se définit-elle pas en partie par la recherche de fondements à nos affirmations, par quoi elle se différencie de la pure et simple opinion qui manque de ces assises nécessaires ?
Ainsi, toute