Un esprit qui commence par la vacuité libère immédiatement son intelligence. Il ne s’appuie pas sur un savoir entendu, il exige en toutes choses une justification. Il est mûr pour une compréhension juste. Comprenons bien le tour du dialogue socratique. Ce n’est pas un jeu gratuit qui viserait à dérouter simplement l’auditeur. Le philosophe n’est pas une sorte de discoureur vicieux qui ne chercherait qu’à embarrasser les autres. La philosophie n’est pas l’éristique. L’entretien philosophique est sincère parce qu’il vise la vérité, il est porté par une invincible confiance dans la vérité qui se montre au cours d’une mise en question inflexible. Accepter avec loyauté de ne rien savoir, ce n’est pas se décider pour le « rien », et jouer des grands airs sur le néant des choses humaines et du savoir humain, ce n’est pas tout nier, tout critiquer. C’est plutôt rechercher la totalité de ce qui est, affirmer ce qu’il en est de la vérité de ce qui est. Socrate semble dans cette démarche ne pas reconnaître d’autorité extérieure, que ce soit dans l’opinion ou dans la référence à des auteurs célèbres qui font autorité. Qu’importe l’opinion, ce que l’on peut dire, et même ce que l’on pense de moi, dira-t-il au procès. Qu’importe ce que disent les accusateurs et leurs mensonges. La vérité seule a autorité. Socrate ajoute que la voix intérieure, le daimon, ne l’a pas arrêté et seule cette voix est une autorité La conscience intérieure est la seule autorité, parce qu’en matière de vérité l’esprit ne doit s’incliner que devant l’évidence des