Philo
Peut-être en effet que cet être cher à qui nous souhaitons tant de bonheur sera incapable d’en profiter justement parce qu’il ne connaît pas "la vérité", soit au sens de "vérité métaphysique" (vérité du monde ou de la condition humaine), soit au sens de "vérité personnelle" ou intime.
On pourrait en effet imaginer cet être cher incapable d’être heureux parce qu’il pense que la vérité de la condition humaine n’est qu’alternance de souffrance et d’ennui, ou parce qu’il souffre de ne pas trouver de réponse à la question même de la vérité du monde ou de nos vies humaines : l’imaginer, donc, incapable d’être heureux à cause de "la vérité".
On pourrait aussi imaginer qu’il ne peut trouver le bonheur parce qu’il n’a pas trouvé "sa vérité" personnelle objective, parce que son existence ne lui permet pas de manifester sa valeur : cette vérité de lui-même qui doit, selon Hegel, être objectivée dans l’action et reconnue par les autres pour rendre l’homme vraiment heureux.
Enfin, cette vérité personnelle peut aussi être entendue en un sens plus intime, comme sa vérité purement subjective, celle qu’une psychanalyse, par exemple, vise à faire entendre à l’homme sur le divan. Même si cet ami, affable et souriant le soir du réveillon, semble aller très bien, il est peut-être dans un déni de sa vérité subjective qui le coupe d’une certaine sérénité, et donc du bonheur.
Dans tous les cas, la vérité renvoie à l’adéquation entre un discours et le réel (réel du monde ou de sa vie personnelle), et le bonheur à un bien-être durable dont nous avons conscience. Faut-il donc, pour être heureux, ne pas se tromper sur la réalité des choses ? Notre bonheur ne se joue-t-il pas au