Philosophie-autruis-
Autrui est celui qui dit moi sans être moi, il est en quelque sorte le moi qui n’est pas moi. Dans cette première définition de l’autre, c’est encore de moi qu’il est question, comme si je ne pouvais finalement définir les autres qu’à partir de moi. Dans des métaphores comme celle des « proches », du « cercle, ou de « l’entourage », je suis au centre et l’autre est périphérique. L’adjectif « autre » est lui-même ambigu dans le langage courant, il peut signifier un deuxième exemplaire du même (comme dans « une autre bière ») ou bien au contraire une différence. En sommes-nous réduits à penser autrui en partant toujours de nous-mêmes ou bien est-ce que autrui m’impose au contraire l’épreuve de sa différence ?
Question : Autrui n’est-il qu’un alter ego (un autre moi-même) ou bien un étranger irréductible ?
D’un autre côté, je suis aussi un autre : pour l’autre, autrui c’est moi. Autrui est à la fois un objet (pour moi) et un sujet (pour lui). En tant qu’il n’est pas seulement objet mais aussi sujet, l’autre a droit, de notre part, à une attitude inédite, qui n’est plus celle que nous observons avec les objets. Dans une rame de métro bondée, les autres sont à la fois pour moi des volumes dans l’espaces à travers lesquels je me fraye un chemin, et des personnes humaines dont je ne peux écraser les pieds ni toucher certaines parties du corps. C’est le respect, qui consiste à traiter l’autre comme une personne humaine, c’est-à-dire à voir dans l’autre une fin et non un moyen. Et pourtant, même au fond de l’altruisme, l’égoïsme pointe encore : est-ce pour moi ou pour l’autre que je respecte autrui ?
Question : Arrivons-nous à traiter l’autre comme une fin ou en faisons-nous toujours un moyen ?
1. L’analogie.
Une analogie est possible entre l’autre et moi : ce qu’il vit est pour lui, ce que je vis est pour moi. C’est ainsi que nous nous consolons ou nous conseillons les uns les autres : en postulant que nous pouvons comprendre l’autre