Philosophie des religions
Introduction : Ibn Rushd, le Ben Rushd des juifs et l’Averroès des Latins a été lu, traduit et étudié en trois langues, l’arabe, l’hébreu et le latin. On a aussi tenté de l’enraciner dans trois communautés religieuses : la sienne propre, l’islam, le judaïsme et le christianisme. C’est dire qu’Ibn Rushd peut être légitimement considéré comme l’un des pères spirituels de l’Europe. Les récentes rééditions de l’œuvre d’Averroès, de même que les travaux de philosophes arabes contemporains comme le marocain Mohamed Abed al-Jabri sur l’œuvre d’Averroès montrent l’intérêt actuel pour la pensée de celui-ci. Il a été à la fois dénié et récupéré par l’Occident chrétien au point d’être constitutif de son mode de pensée. Étrangement, son influence a longtemps été étouffée dans le monde arabo-musulman. On ne le connaît essentiellement que pour ses commentaires d’Aristote et plus particulièrement pour son Grand commentaire du Traité de l’âme. Averroès distinguera deux types de connaissance. L’une est propre au prophète : Dieu imprime sur la cire de son imagination le sceau de la vérité. L’autre, connaissance théorique proprement humaine, exige de l’intellect humain qu’il s’approprie un contenu de l’intellect séparé par un acte de raisonnement. Or, le raisonnement est synonyme de démonstration chez Averroès ; et la démonstration renvoie à la logique d’Aristote. Atteindre la connaissance divine par le raisonnement analogique supposerait que Dieu est de même nature que l’homme, ce que ne peut admettre Averroès. Cependant, concernant la connexion entre religion et philosophie, Averroès suit la méthodologie proprement aristotélicienne selon laquelle à un certain type d’objet correspond un certain type de savoir. Comparer la philosophie à la science de Dieu revient, selon Averroès, à assimiler des choses contraires par leur essence et leurs propriétés, ce qui est le comble de l’ignorance. La seule preuve irréfutable établissant l'existence de Dieu se