Au moins selon Kant, c'est parce que l'homme n'est pas guidé par l'instinct. Alors que l'animal a atteint la plénitude de ses capacités directement en naissant, qu'il est mû par l'instinct et donc par la nature, qu'il n'a rien à apprendre, qu'il sait déjà tout ce qui compte pour son espèce sous forme de réflexe instinctif, qu'il ne peut pas se perfectionner (ce qui est largement remis en doute aujourd'hui). Alors que l'homme, lui, est arrivé sans rien, tout nu, sans croc, non gouverné par l'instinct, avec la raison seule qui le distingue de la bête. En conséquence, c'est à l'homme et l'homme seul de s'achever, d'atteindre la perfection (comme il est dit dans la proposition 4 de "idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique: La nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même ce qui va au-delà de l'agencement mécanique de son existence animale, et qu'il ne participe à aucune autre félicité ou à aucune autre perfection, que celles qu'il s'est procurées lui-même par la raison, en tant qu'affranchi de l'instinct"), alors que l'animal lui est déjà le maximum de ce qu'il peut être en naissant, l'animal est déjà 'complet', naturel, régit par l'instinct, l'homme doit quant à lui se compléter, se perfectionner. L'homme a une carence naturelle qu'il doit surmonter par la raison. Ce qui ne veut pas dire qu'il doit avoir des crocs, mais qu'il doit atteindre "la plénitude de son espèce", comme l'animal l'est déjà toujours, comme il est toujours au mieux de ses capacités. Et cette plénitude passe par la raison, et donc les sciences rationnelles, une politique rationnelle (le cosmopolitisme), etc., tout ceci étant "artificiel", du fait même que c'est une création de l'homme, de ce qui est propre à sa nature, à son 'essence', à ce qui lui est propre (mieux), la raison, et donc à quelque chose qui n'est pas complètement naturel, comme l'est au contraire