philosophie
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l serait excessif pour l’homme de ne pas du tout user de sa raison, de faire comme si nous n’en étions pas doué et tout aussi excessif de n’admettre qu’elle, c’est-à-dire de vouloir tout rationaliser ou de prétendre que la raison humaine peut rendre compte de tout ce qui est. C’est la raison elle-même en sa « dernière démarche » qui nous indique ses propres limites. Il y a une expression du réel qui défie la raison, et la raison doit essayer de s’ajuster à cela, de s’ajuster à une sorte de ligne de crête qui la domine. La raison est faible si elle nie son ignorance sur quantité de choses. C’est le propre de la raison que de montrer que toute une série de phénomènes échappent, par leur relation à l’infini ou à l’incompréhensibilité, à la saisie rationnelle au sens démonstratif du terme. Et si elle est dans l’ignorance de nombreuses réalités matérielles alors elle l’est tout autant des choses supra naturelles.Ce n’est pas par raison si nous aimons. L’affection que l’homme voue à Dieu ou se porte à lui-même n’est pas explicable rationnellement. Il faut dans ce cas faire prendre la relève par cette puissance qu’est le cœur. La foi ne relève donc nullement de la raison théorique mais du cœur. Il y a une espèce d’élément irréductible du discours religieux à l’égard de cette raison.
Il n’y a pas de preuve de l’existence de Dieu chez Pascal. C’est une apologie de la religion chrétienne qui se passe de preuve de l’existence de Dieu, chez un homme qui, à douze ans, reconstruisait la totalité des propositions d’Euclide. Pascal fut donc par ailleurs un homme de raison et un scientifique toute sa vie. Pourquoi une apologie de la religion chrétienne sans preuve de l’existence de Dieu ? D’une part parce que Pascal critique la métaphysique en général : il pense que les preuves qui ont déjà été données, par Aristote, saint Thomas, saint Anselme, Descartes même, sont des preuves métaphysiques trop « impliquées », trop complexes. Une fois qu’on arrive au bout de la