Picardie
De la forêt d'Ardenne aux coteaux vignerons de la vallée de la Marne, la Haute-Picardie — qui correspond de nos jours sensiblement au département de l'Aisne, mais qui fut jadis commandée par Amiens — apparaît comme une mosaïque de pays, chacun doté de sa propre personnalité : le Laonnois, le Soissonnais, le Vermandois et la Thiérache.
Pourtant, par-delà la diversité des paysages et même des modes de vie, ces pays ont en commun une histoire, faite de violences et de guerres, de drames et de déchirures, de domination et de soumission : Laon fut capitale carolingienne et Soissons capitale mérovingienne, avant que les rois ne choisissent Paris, à laquelle, depuis, la Haute-Picardie est restée subordonnée.
Là où se rencontrent les plateaux de l'Île-de-France et la vaste plaine crayeuse de Champagne et de Picardie se trouve le Laonnois. Au nord, des campagnes nues, des villages de culture. Au sud, des paysages de plateau, vigoureusement entaillés par de profondes et vertes vallées.
Campée sur sa "montagne claire", son "promontoire sacré" (une butte isolée, détachée du coteau d'Ile-de-France), Laon (on prononce "Lan") domine de plus de 100 m la plaine de Picardie. La petite table calcaire, qui couronne la butte, est truffée de grottes naturelles, qu'on appelle ici creuttes. C'est à cette situation élevée que la ville doit son passé. L'antique Laudunum (mot apparenté à celui de Lyon) fut capitale de France. Sous les Carolingiens, elle fut pendant plus de cent cinquante ans (741-895) la résidence préférée des rois, la "tête de royaume", avant de devenir leur capitale. Elle le demeura jusqu'en 988, quand le dernier Carolingien, Charles de Lorraine, en fut chassé par le futur Hugues Capet.
Après l'avènement des Capétiens, le palais royal continua d'être entretenu, ce qui donnait l'occasion aux souverains de revenir dans la cité et d'intervenir à leur gré dans ses affaires. Au début du XIIe siècle, sous Louis VI le Gros, la ville