Pierre et jean
Quand, dans Pierre et Jean, le narrateur évoque un lieu, il ne peint que les endroits dont la connaissance importe à l’intrigue. La description se cale sur le rythme du récit pour éveiller la curiosité du lecteur. C’est le cas pour le passage descriptif du chapitre VII qui nous fait découvrir l’appartement de Jean.
L’appartement de Jean est au centre de la rivalité entre les deux frères. Il a été convoité par Pierre, avant d’être loué par Jean. La réaction des visiteurs est lourde de conséquences. L’admiration de M. Roland et de Mme Rosémilly consacre la victoire de Jean. Celui-ci est cependant « blessé » par les « réserves » et l’ « ironie un peu amère » (l.13) de Pierre. Ces précisions préparent la scène d’explication entre les deux frères. Leur violent affrontement, qui marque un tournant dans le récit, se situe en effet quelques lignes plus bas. Cette description de la salle à manger est donc un passage important du roman.
La description adopte le rythme du récit. Les lieux sont évoqués au moment où les personnages (représentés par le pronom « on ») les découvrent. C’est en compagnie des héros que le lecteur pénètre dans les pièces : « quand on fut rentré dans le salon » (l. 1). C’est avec eux qu’il découvre la salle à manger : « on aperçut » (l. 2). C’est avec eux qu’il y reste quelques temps : « on admira » (l. 12) ; « on grignota » (l. 16). Et le texte s’achève au moment où les convives s’éclipsent : « Mme Rosémilly demanda la permission de se retirer » (l. 16-17). Cette description n’est donc pas un temps mort dans la narration.