Pierre reverdy - les mots qu'on échange
Les mots qu'on échange
Pierre Reverdy, Pierres blanches (1930)
Introduction:
Michel Leiris dans son hommage à Pierre Reverdy, écrit que la poésie de celui-ci est le lieu « où réalités du dehors et du dedans se répondent sans chatoiement de vocabulaire ou de syntaxe ». Les mots de ce poète français du XXème siècle sont en effet des plus simples, mais ils parlent aussi bien du monde que de l'homme. « Ce n'est pas si simple que ça, d'être simple », écrivait-il dans En vrac. Nous voilà prévenu que la simplicité apparente des poèmes de Reverdy, est le fruit d'un travail laborieux, qui vise probablement à condenser un maximum de sens en un minimum de mots. Le poème Les mots qu'on échange, du recueil Pierres blanches de 1930, nous parle ainsi, en seulement 25 vers très brefs, de la nature, de musique, de solitude, de calme et de mystère, sans emphase ni effusion.
En quoi l'apparence dépouillée de ce poème lui confère-t-elle toute sa richesse?
Les mots qu'on échange est un poème mis à nu, sans parures ni accessoires superflus. C'est également, du fait de ce dénuement verbal, le récit d'un mystère, que les mots ne permettent pas d'élucider, mais plutôt qu'ils renforcent. Enfin, Pierre Reverdy met ici en scène le pouvoir de la poésie, la puissance de ses non-dits et de ses images.
I- Un poème du vide et de l'absence
1) Le soliloque de l'instance énonciatrice
Instances énonciatrices: « on », « je », tournures impersonnelles comme « il y a » , « nous » s'entremêlent, mais c'est le « je » et tous les pronoms personnels réfléchis ou possessifs qui prennent le dessus: « me », « moi », « mon ».
Le vocabulaire est simple, ordinaire, celui de tous les jours. Aucune ponctuation, seulement des tirets à un moment: une seule voix et non pas un dialogue, un flot de pensées.
S'apparente à une conversation intérieure: éléments disparates, passe d'un sujet à un autre, du présent à un retour en arrière à l'imparfait dans la 4ème strophe. Dispersion de