Pierre
La pierre est une matière inerte. Ce qui distingue la matière inerte de la matière vivante, c’est que la dernière se caractérise par la vie. C’est-à-dire que les êtres qui composent ce règne sont doués d’une certaine autonomie, agissent de façon spontanée.
On dit alors qu’ils sont « animés », c’est-à-dire qu’ils paraissent doués d’une âme (animus en latin). Dans le cadavre, par exemple, tous les éléments matériels qui formaient le vivant sont encore là, mais le principe vital semble s’être échappé, comme si l’âme avait quitté le corps. Dire donc que la pierre est une matière inerte, c’est dire qu’elle est inanimée, c’est-à-dire qu’elle n’a pas d’âme.
Cette définition scientifique de la pierre en général est transposable à la pierre brute maçonnique qui est une pierre qui n’a pas encore de forme, qui est difforme et pleine encore d’aspérités.
Par conséquent on peut dire de la pierre brute maçonnique qu’elle n’a pas encore d’âme, elle n’a pas encore son âme. L’objectif du maçon sera donc de donner une âme à cette pierre sans âme, et cela par le travail, un travail de longue haleine.
Si avec Jean Lacroix on peut dire que « le travail, c’est toujours l’esprit pénétrant difficilement une matière et la spiritualisant », et si avec Emmanuel Mounier on peut dire que « tout travail, travaille à faire un homme et une chose », il est fort à parier que le travail du maçon sur la pierre brute vise à spiritualiser cette pierre, à humaniser ce maçon qui entreprend ce travail.
Ainsi, même si la pierre brut au départ est une pierre comme les autres, une matière inerte, elle finit par se distinguer des autres pierres, car elle finit par posséder une âme, l’empreinte du maçon qui l’aura travaillée.
La pierre brute maçonnique se distingue donc des autres pierres brutes.
Par ailleurs, il y a une relation intrinsèque entre la pierre et la maçonnerie. Cette relation historique