Nous sommes réunis, messieurs les jurés, en ce jour du 16 mars 1832 afin de débattre sur le procès de mon client ici présent, monsieur Claude Gueux., n'a absolument pas le profil d'un tueur. Pourtant, quelques choses - ou quelqu'un - semble l'avoir poussé à cet acte de détresse. Pensez vous vraiment que mon client aurait pu tuer un homme sans raisons apparente ? Pour ma part, je pense que Mr Claude G à était a un moment ou un autre poussé a cette extrémité. Venons en maintenant aux charges retenues contre mon client : menaces contre un de ses supérieurs, dénommé Monsieur Delacelle dans l'enceinte de la maison centrale de Clairvaux et assassinat de ce même individu.

Pour commencer, je rappelle les raisons de l'enfermement de mon client dans cet établissement. Monsieur Claude Gueux a été envoyé à la maison de Clairvaux pour avoir volé un pain. Pouvons-nous cependant en conclure que cet homme est un homme mauvais, guère plus qu'un voleur ? Non. Claude Gueux, bien que son nom puisse faire soulever un sourcil à plusieurs d'entres vous, est un homme capable, habile, intelligent, n'ayant certes pas reçu l'éducation qu'il se doit, mais tout de même capable de réfléchir. Ainsi, il a d'abord réfléchi à la survie de sa famille quand il a commis ce vol.
Cependant, ce procès n'a pas pour motif le vol mais les menaces et l'assassinat d'un homme.

Cet homme avait sous sa charge environ quatre-vingts dix hommes, tous ayant commis un vol. Cependant, celui-ci était moins respecté par les détenus que Claude Gueux. Ainsi, pour pouvoir affirmer son autorité, il décida de soustraire à mon client un jeune détenu qui était devenu son ami et partageait son pain avec lui. Mon client, bien que s'impliquant avec beaucoup de rigueur dans les taches qu'on lui confiait, vécut très mal la perte prématurée de son ami. Ainsi il demandait avec insistance et à nombreuses reprises le retour de son compagnon au directeur, mais celui-ci pris parti de l'ignorer superbement. Claude Gueux ne