Monsieur le Président, Messieurs du tribunal, Aujourd’hui, nous avons à examiner la culpabilité d’une femme qui a fait le bonheur de sa prétendue victime. Voici les faits. Monsieur des Arcis, libertin notoire, séduit une femme de la plus haute respectabilité, ma cliente, Madame de la Pommeraye. Il se lasse et la délaisse. Elle le punit. Il est heureux. Voilà toute l’histoire. Amusant n’est ce pas ? C’est à se demander si ce procès est réellement nécessaire. Mais nous sommes là, et je m’assurerai …afficher plus de contenu…

Ce nom évoque pour certains celui d’un homme ruiné, bafoué par une femme cruelle. Détrompez vous ! Il est, en vérité, un libertin, un prédateur croyant peu à la vertu des femmes, cherchant à les séduire seulement pour ensuite les délaisser. En ces temps, il se faisait passer auprès d’elle pour un homme d’honneur. En second lieu, il ressort de mon premier point que cet homme a manifestement profité de la vulnérabilité de ma cliente. Durant de longs mois, il a tiré avantage de son statut d’ami du défunt mari de Mme de la Pommeraye, contrainte par les usages de continuer à le recevoir. Il lui a fait une cour assidue, malgré le refus qu’elle lui avait fortement …afficher plus de contenu…

Cette décision, elle le savait, allait avoir un grave impact sur sa vie. Ainsi donc, son quotidien tantôt tranquille se transforma en un véritable calvaire. Elle devint l’objet de toutes plaisanteries, de toutes rumeurs, de tous sourires...La preuve de sa naïveté : comme un être plus aguerri qu’elle aux roueries mondaines s’y serait attendu, au bout d’un temps il la délaissa puis admit ne plus avoir les mêmes sentiments envers elle ; la douleur lui fit concevoir alors l’idée de punir l’inconstant. La chose était facile. Il suffisait d’orienter ses instincts déjà vils vers un objet inconvenant, une courtisane. Elle le fit : il s’éprit et épousa la femme qui fait maintenant son bonheur, Mlle d’Aisnon.Certes, ma cliente a tenté de ruiner sa réputation, et de faire de lui la risée de tout