À qui de droit,

Par cette lettre, je désire porter plainte à l’encontre de mon propriétaire.

Ce vieux moribond ne respecte plus ma juste valeur. Pourtant, nous avons fait connaissance il y a 30 ans. À l’époque, c’était le grand bonheur. Il me traînait en tout lieu. J’étais pour lui, son point d’équilibre et moi, j’étais heureuse de la simple caresse de la main de mon amoureux.

Il m’avait choisi pour mes multiples qualités que sont ma texture si douce, mon adhérence, ma structure fiable et robuste de même que ma grandeur ajustable. Je lui apportait soutient dans ses malheurs comme dans ses bonheurs éphémères.

Je faisais partie de son quotidien et voilà que maintenant, il me laisse prendre la poussière. Je le stabilisais dans ses moments de déséquilibre et je l’accompagnais dans sa douleur intenable. Je l’aidais à avancer dans ses mouvements fébriles et incertains. Il devint dépendant de moi et sans hésiter, il me gardait près de lui où qu’il aille.

Après tout ce que j’ai fait pour lui, je n’arrive pas à croire ce que je vis. J’écris donc cette missive pour faire part de mon immense insatisfaction.

Ce bougre me laisse m’ennuyer dans un placard depuis ce jour néfaste. Sans préavis, après 3 décennies de bonheurs partagés, il m’a laissé tomber sans aucune considération pour une autre.

Depuis cet évènement fatidique, ce vieillard paresseux ne se lève même plus pour se déplacer. Non, mais pour qui se prend elle ? Me voler ainsi mon compagnon, fidèle jusqu’à ce que cette satanée envahisse sa vie.

Non mais… Qu’elle s’en trouve un autre! Il y en a plein d’ancêtres seuls qui attendent une agasse comme celle là. En plus, elle me l’a pris au moment où il était le plus vulnérable!

Il était malade et elle a même dû lui prendre la jambe gauche pour s’en accaparer! Non mais si elle pense que je vais laisser aller sans mot dire, elle va comprendre que nous les cannes sommes des battantes.

Qu’elle le sache dès maintenant, cette