Plan de l'incipit de bouvard et pétuchet
Le héros réaliste pensé par Balzac dans les années 1840 fait figure de l’ambitieux susceptible, dans son appétit de grandeur, de gravir l’échelle de la société française du XIXème siècle pour « parvenir ». « A nous deux maintenant ! » : c’est ce que s’exclame le jeune Rastignac du haut de la Montagne Sainte-Geneviève, dominant Paris du regard. Dans cette veine, le siècle du réalisme a porté de nombreux héros positifs, à l’instar de Jean Valjean, ou plus tard Julien Sorel, Frédéric Moreau, Etienne Lantier, qui bien que parfois ambigus ou tourmentés, ne sont pas du moins dénués de panache voire de sublime. Dès les années 65, Flaubert nourrit un projet littéraire d’un genre nouveau, qui subvertit la représentation du héros en vigueur et approfondit de façon radicale l’ancienne tradition du héros picaresque. En effet avec ses « deux cloportes », titre initialement envisagé pour Bouvard et Pécuchet, l’auteur propose à ses lecteurs de suivre avec distance et ironie des pérégrinations de deux personnages d’une médiocrité affligeante, constamment jugés sous sa plume. Comment l’incipit du roman permet-il de mettre en place ce dispositif ? Comment apparaissent, au seuil de l’œuvre, les figures presque comiques de ces nouveaux « anti-héros » ? C’est ce que nous verrons en nous intéressant d’abord à l’inscription du texte dans la tradition réaliste, puis en étudiant la dimension parodique qu’il fait apparaître. Enfin, nous tacherons de caractériser le regard que porte le narrateur sur les personnages dont il met en lumière la bêtise.
I. Un incipit réaliste
1. L’ancrage spatio-temporel
2. Les touches descriptives
II. Le traitement parodique du topos amoureux
1. Structure symétrique
2. La même attirance l'un à l'autre
3. Un cadre au romantisme dégradé
III. Duo comique inscrits dans une longue tradition
1. L’onomastique